La Déclaration d’Utrecht
La Déclaration d’Utrecht du
24 septembre 1889 est le Document fondamental de l’Eglise Vieille-Catholique dont
se réclament, dans leurs constitutions demeurées inchangées jusqu’à aujourd’hui,
les Eglises qui lui sont liées. Peu après le Concile Vatican I, des mouvements
Vieux-Catholiques s’organisèrent en réaction contre ce Concile en Allemagne et
en Suisse. Ils prirent contact avec l'Eglise d’Utrecht aux Pays-Bas, qui existait
déjà depuis 1723. Mais cela ne se fit pas sans tensions les premières années. D’abord,
l’Eglise d’Utrecht vint en aide aux Eglises Vieilles-Catholiques naissantes. C’est
ainsi qu’en 1872, l’Archevêque d’Utrecht Mgr Henricus Loos confirma des enfants
de vieux-catholiques excommunies, et en 1873 l'évêque de Deventer Mgr Hermann
Heykamp consacra à Rotterdam le premier Evêque vieux-catholique allemand : Mgr
Joseph Hubert Reinkens. Quelques temps plus tard, certaines réformes
fondamentales préparées au préalable au sein des Eglises Vieilles-Catholiques d’Allemagne
et de Suisses, comme l’abolition de l’obligation au célibat, devaient donner
beaucoup de peine à l’Eglise des Pays-Bas. Cette dernière commença à douter du
caractère catholique des mouvements Vieux-Catholiques.
Ceci fut renforcé par le rapprochement avec l’Eglise Anglicane en
Angleterre et aux Etats-Unis entrepris par l’Evêque suisse Mgr Edouard Herzog,
et par l’Evêque Allemand Mgr Reinkens, car l’Eglise des Pays-Bas, à cette
époque, doutait encore de la validité des ordinations dans l’Eglise Anglicane,
et donc du caractère catholique de cette Eglise. Les ordinations anglicanes ne
furent reconnues par les Evêques néerlandais qu’en 1925, ce qui ouvrit la voie
à l’Accord de Bonn de 1931.
Pourtant, à la fin des années 1880, le désir de relations plus étroites
se répandit de part et d’autres. C’est ainsi que cinq Evêques vieux-catholiques
(Mgr Johannes Heykamp, Archevêque d’Utrecht, Mgr Casparus Johannes Rinkel,
Evêque de Haarlem, Mgr Cornelius Diependaal, Evêque de Deventer, ainsi que Mgr
J. H. Reinkens, Evêque de l’Eglise vieille-catholique d’Allemagne et Mgr Herzog, Evêque de l’Eglise Catholique-Chrétienne de Suisse) se réunirent le 24
septembre 1889 à Utrecht. Pendant cette réunion, ils se constituèrent en Conférence
Episcopale et déclarèrent que les Eglises qu’ils dirigeaient étaient en
parfaite Communion entre elles.
Ils formulèrent une Déclaration à
l’Eglise Catholique, dans laquelle ils posèrent par écrit les principes du
Vieux-Catholicisme.
Au Nom de la Très Sainte Trinité
Johannes Heykamp, Archevêque d’Utrecht,
Casparus Johannes Rinkel, Evêque de Haarlem,
Cornelius Diependaal, Evêque de Deventer,
Joseph. Hubert Reinkens, Evêque de l’Eglise
Vieille-Catholique d’Allemagne
Edouard Herzog Evêque de l’Eglise
Catholique-Chrétienne de Suisse
Réunis à Utrecht le 24 septembre 1889 dans la
demeure archi épiscopal sous l'invocation du Saint Esprit, publie la
déclaration suivante :
A L’Eglise Catholique,
Assemblés
en conférence, à l’invitation de l’Archevêque d’Utrecht, soussigné, nous avons
décidé, sous réserve de consultation de nos collaborateurs, conseillers et
théologiens, de renouveler périodiquement nos assemblées pour nous entretenir
de nos intérêts communs.
Dans
notre première session, nous avons jugé convenable d’inscrire succinctement,
dans une proclamation collective, les principes ecclésiastiques qui nous ont
servi et nous serviront à l’avenir de ligne de conduite dans l’exercice de nos
fonctions épiscopales et que nous avons maintes fois eu l’occasion d’énoncer de
façon particulière :
- Nous tenons
fermement à ce principe de l’Ancienne Eglise que Vincent de Lérins a
exprimé en ces termes : « Tenons-nous à ce qui a été cru
partout, toujours et par tous, car cela est vraiment proprement catholique"
C’est pourquoi nous persistons dans la Foi de l’Eglise primitive, telle qu’elle
est proclamée dans les dogmes des conciles généraux de l’Eglise indivise du
premier millénaire, dogmes universellement reconnus.
- Nous repoussons les décrets du Vatican,
promulgués le 18 juillet 1870, sur l’infaillibilité et l’épiscopat
universel ou omnipotence ecclésiastique du Pape. Ces décrets sont en contradiction
flagrante avec les croyances de l’Eglise primitive et bouleversent l’ancienne
constitution ecclésiastique. Cela ne nous empêche pas de reconnaître le
primat historique, titre que plusieurs conciles œœcuméniques et les Pères
sont donné à l’Evêque de Rome, lorsqu’ils l’appelaient, avec l’assentiment
de l’Eglise entière du premier millénaire : « Primus inter pares »
(Le premier entre les égaux).
- Nous rejetons aussi la déclaration de l’immaculée
Conception de Marie, du Pape Pie IX, en 1854, parce que non fondée sur’
les Saintes Ecritures et la tradition des premiers siècles.
- Nous répudions encore tous les décrets
dogmatiques plus récents de l’Evêque de Rome : Bulle
« Unigenitus », « Auctorem fidei », le Sylabus de
1864, etc., en tant qu’ils dérogent à la doctrine de l’Eglise primitive et
nous ne les admettons pas comme obligatoires. Nous renouvelons, en outre, toutes
les protestations de la vénérable Eglise Catholique de Hollande contre
Rome.
- Nous repoussons les décisions disciplinaires
du Concile de Trente et n’acceptons ses définitions dogmatiques que pour
autant qu’elles concordent avec les Doctrines de l’Anciennes Eglise.
- Considérant que la Sainte Eucharistie est en
tout temps, dans l’Eglise catholique, le Centre véritable de l’Office
divin, notre devoir est de déclarer que nous tenons avec fidélité et dans
son intégralité au dogme catholique ancien du Saint-Sacrement de l’Autel,
en croyant que nous recevons le Corps et Sang de Notre-Seigneur
Jésus-Christ Lui-même sous les espèces du pain et du vin. La célébration
eucharistique dans l’Eglise n’est point une répétition continuelle, un
renouvellement de Sacrifice expiatoire que le Christ a offert sur la croix
une fois pour toutes. Le caractère de sacrifice de la cérémonie réside
dans la mémoire qu’elle perpétue et dans la représentation terrestre
réelle de ce Sacrifice unique du Christ pour le salut du genre humain.
Sans cesse le Christ offre son Sacrifice au Ciel, selon l’enseignement de
l’Epître aux Hébreux (9,11-12), en comparaissant pour nous devant la Face
de Dieu (Hébreux 9,24). Voilà le caractère de l’Eucharistie, touchant le
Sacrifice du Christ. Mais elle est en même temps un Repas sacré, dans
lequel les Croyants qui reçoivent le Corps et le Sang du Christ, sont en
mutuelle communion (1 corinthiens 10, 17).
- Nous espérons qu’en se tenant fermes aux
croyances de l’Eglise indivise, les théologiens réussiront à provoquer une
entente sur les divergences nées des schismes. Nous exhortons les
Ecclésiastiques placés sous notre direction à enseigner, en Chaire et au Catéchisme,
en premier lieu les vérités chrétiennes essentielles communément
professées par toutes le confessions séparées, d’éviter sans scrupule
toute transgression de la Vérité et de la Charité dans l’exposé des
divergences encore existantes et d’initier, par la parole et par l’exemple,
les Fidèles de nos paroisses à se comporter envers les autres Croyant
selon l’Esprit de Jésus-Christ notre Sauveur à tous.
- C’est par notre inébranlable attachement l'Enseignement
de Jésus-Christ, par notre rejet des erreurs introduites par la
spéculation humaine, des abus religieux et des ambitions de la hiérarchie
que nous pensons pouvoir combattre le plus efficacement ces maux majeurs
de notre temps : l’incrédulité et l’indifférence en matière
religieuse.
Donnée
à Utrecht le 24 septembre 1889
ü
Johannes Heykamp,
ü Casparus
Johannes Rinkel,
ü Cornelius
Diependaal,
ü Joseph.
Hubert Reinkens,
ü
Edouard Herzog.